jeudi 31 mars 2011

Moscou 6 : Géographie subjective from Penny Lane


UN VOYAGE QUI OUVRE DES PERSPECTIVES

ou

Le Gugu passe à l'Est (par la fenêtre)

épisode 6 : géographie subjective de Penny Lane


Je naviguais sans visibilité entre les stands, quand soudain j'ai vu se pointer Thierry le Coach, qui avait l'air hyper stressé… hmm… en fait, non, il fronçait légèrement les sourcils.
  • Manu, il me dit, il faut que tu viennes tout de suite . Ton juge est là. Laurence le fait patienter, mais, je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'elle est en train de lui tenir des propos incohérents à propos d'un pays d'Asie Centrale.
Effectivement, quand je suis arrivé, notre journaliste parlait des steppes de Mongolie avec le juge Allemand… je crois qu'il avait dû lui dire qu'il était originaire d'Hanovre, et qu'elle avait confondu avec Oulan-Bator.
Elle était fatiguée, ça peut arriver à tout le monde…
Le représentant du ministère d'un Land d'Allemagne du Nord semblait un peu crispé qu'on l'ait confondu avec un Mongol, et j'ai eu du mal, ensuite, à le dérider et établir une communication très claire…
Il faut dire que j'avais toujours les yeux à Bratislava, ce qui fait qu'avec mon oreille bouchée par une otite séreuse, je n'étais pas au top pour échanger…
De plus, toute ma présentation était basée sur une lecture de bas en haut de mon fameux arbre… et comme nous étions collés à mon stand, nous n'avions en face de nous, pour servir de support à mon exposé, que deux numéros du Colvert mal collés, trois petites affiches d'e.l@b lamentablement découpées à la main avec les ciseaux de gaucher… et des branches d'arbre oranges.

Il fallait y aller franco, et j'ai tout donné !

Le travail interdisciplinaire, les cours multidisciplinaires, la préparation du journal, l'élab(!)oration et la mise en place d'une association regroupant des représentants de différents niveaux, de la maternelle à l'université, y compris des chercheurs… le développement d'outils collaboratifs, la mutualisation, les formations… le laboratoire d'idées et le laboratoire d'expérimentation, l'hyperclasse et l'hypersalle des profs.
Le mec a capté l'idée… et la juge suivante encore davantage.
C'était une Lettone : elle a compris, posé les questions qu'il fallait et s'est enthousiasmée quand il le fallait. Et a terminé en me disant que la forme n'avait aucune importance, que le fond était là… je lui ai même proposé d'adhérer à e.l@b

Vive la Lettonie !

L'après-midi, j'étais moins en forme… le troisième juge et moi étions en train de digérer et je crois qu'il n'a rien compris (en revanche il a réagi quand j'ai massacré en anglais les noms des savants grecs et m'a consciencieusement repris à chaque fois… je vous laisse deviner sa nationalité !)

À bas les Hellènes !

Ceci étant fait, nous étions relativement éreintés, exceptée Laurence qui avait tiré parti d'un séjour prolongé dans un fauteuil du l'accueil pour remonter la pente.
Cependant, tout le monde était nettement plus décontracté… c'est fou comme les gens ont l'air plus à l'aise quand ils ne sont pas en train de serrer les fesses en attendant de voir débarquer les personnes chargées de juger leur boulot…

Thierry arrive, tout sourire :
  • On rentre à l'hôtel, et ensuite j'ai une réservation au Café Pouchkine !
Il avait l'air content… ça devait être bien.

On a pris le bus…
Alors là, on ne se méfiait pas… pourtant la veille, lors de la visite au cours de laquelle on n'avait rien vu, la guide avait dit à plusieurs reprises que nos avions de la chance qu'il n'y ait pas trop de monde.
Et là, en revanche, nous n'y avons pas coupé, et nous avons passé une heure trente dans le bus…
Super.
Mais le meilleur était à venir : il fallait absolument que l'on soit au Café avant telle heure précise, sous peine de se faire souffler la place…
Alors, ni une ni deux, nous sommes remontés dans des taxis et repartis en sens inverse dans les mêmes bouchons…
Il faut le vivre !
Hop ! Une bonne heure de bouchon, on commençait à connaître par cœur les deux ou trois monuments visibles sur le parcours… principalement des publicités de marques occidentales en cyrillique… ça va un moment , mais là on commençait un peu à saturer.
D'autant que l'heure étant dépassée, la table au Pouchkine avait été prise et nous n'avons plus eu qu'à repartir pour notre quatrième heure de bouchons, le ventre vide !

Non, là, je déconne : si ça avait été le cas, on aurait tous fini dans un service pour personnes à l'esprit gravement altéré de l'hôpital de Moscou… mais c'était tout juste, on l'a échappée belle…

On se retrouve donc, bon an mal an, avec nos amis Belges, dans le hall du Café.
Direction le vestiaire, au sous-sol, on échange nos vestes contres des étoiles de shériff (étrange…) et on se propulse ensuite dans les étages…
Il paraît que dans cet endroit, plus on monte, plus les places sont chic… alors là, je vous garantis que ça devait être le nec plus ultra !
Bon, on était un peu secoués par la journée, mais rapidement, après quelques verres d'un léger apéritif local bien connu, tout le monde a commencé à se sentir mieux…
J'avais soigneusement évité de m'installer près du charmant collègue Flamand, craignant fort de devoir subir un complément détaillé de son exposé sur les QR codes…
Pascal et Virginie continuaient de jouer à la poupée avec Mika qui cherchait une copine russe, et moi, avec JR et Bobby, j'ai entamé une intéressante discussion sur les dernières mises à jour de la suite Office de Windows, dont je pourrais désormais vous parler des heures durant tant le sujet est vaste et riche…

Les plats étaient magnifiques et délicieux, l'ambiance extraordinaire, dans ce petit lieu hors du temps… de plus, nous avions hérité de verres de vin magiques, qui ne se vidaient jamais, malgré tous nos efforts.
Peu à peu, les langues se déliaient, et l'on s'est mis parler éducation et, l'ambiance s'y prêtant, moyens… la fréquentation des American Express des coachs français et belge avait aiguisé les appétits, et l'on s'est vus, en particulier, évoquer les différentes perspectives s'offrant à des enseignants comme nous pour accéder aux bienfaits d'une American Express rebondie.
Une éducation nationale privée ? Pourquoi pas…
Tant qu'on y est, pourquoi pas, puisqu'on peut se lâcher, allons-y carrément !

Alors là, j'ai changé quelques mots avec notre juge français alias @julienllanas… et au départ, je me suis senti un peu comme les anciens modems, lorsqu'ils cherchaient la porteuse…

sssrhanrstna a nrista rstanrstie anrsiae anisteanrie…

Bref, j'ai pas tout suivi, mais je me suis accroché (je suis comme ça, moi, je m'accroche) et au bout d'un moment, j'ai accroché la porteuse et je me suis mis à comprendre les propos hilarants de ce terrible pince sans rire. Investissez dans un décodeur, ça vaut le coup : le bonhomme est très intéressant et très drôle.

Petite anecdote en passant… à un moment, ça arrive (surtout quand on est soumis aux délires hilarants de Julien, j'en ris encore rien que d'y penser), il m'a fallu m'absenter pour aller aux toilettes.
Alors on m'a indiqué qu'il fallait que je prenne l'ascenseur. Et cet ascenseur , c'était un de ces trucs ! Une sorte de cage lugubre en métal, gothique à souhait, dans laquelle je suis resté enfermé comme un imbécile car je n'avais aucune idée de quel bouton il fallait presser pour se rendre au niveau des toilettes… moi, je suis un peu claustro, alors heureusement qu'un des serveurs, très distingué, a bien voulu appuyer sur le bouton pour moi, sinon j'y serais encore…
Et, là c'est un conseil d'ami, si vous voyagez à l'étranger, pour éviter de vous retrouver devant les portes des toilettes en n'ayant aucune idée de quelle est celle qui est réservée à votre sexe, renseignez vous à l'avance… c'est une situation dans laquelle on se sent un peu con et désemparé.
Moi, J'ai tenté le coup au hasard et, cette fois là, j'ai eu de la chance !

Ensuite, tout guillerets et avec un peu d'appréhension, nous sommes remontés dans les taxis… et heureusement, l'heure de pointe était passée.

Ce qui est marrant, avec le décalage horaire, c'est qu'après une soirée bien arrosée… euh, je veux dire riche en discussions sur le thème des logiciels Windows, on peut se retrouver en vidéoconf avec ses enfants pour le bisou du soir, avant qu'ils aillent se coucher !
  • Oh ! Coucou papa ! On te voit dans la webcam.
  • (M… j'ai oublié de couper cette satanée webcam) Oh ! Salut mes chéris… tu vas bien Léo ?
  • Euh… papa, tu es sûr que ça va ? Là c'est Chloé.
  • Ah… euh oui… dis donc l'image est vraiment mauvaise. Tiens, je vois que Maman est là. Bonjour chérie ! Tiens, mais pourquoi Maman ne dit rien ?
  • Elle est concentrée sur sa partie de cartes.
  • Ah ? Bon… tu lui fera un bisou de ma part quand elle aura fini, alors.
Il était tard, ils sont allés se coucher, j'ai un peu parlé à mon épouse pour qu'elle ne perde pas l'habitude du son de ma voix, puis je me suis allongé pour lire un peu.
Là, j'ai cligné des yeux… j'aurais pas dû…

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