dimanche 28 août 2011

Rencontres 2011… (5 : l'angle aigu)


L'angle aigu


La dynamique avait changé.
Nous avions précisé nos directions, nos objectifs, nos attentes…
Pour reprendre une image très parlante proposée par Monique, dans l'atelier collaboration, pour que deux personnes puissent collaborer, il faut que l'angle formé par leurs directions d'objectifs soit inférieur à 90 ° (faites vous un schéma, et vous comprendrez que dans le cas contraire, au lieu d'avancer, on recule).
Nous y étions, dans le faisceau de 90°. Et même, sans aucun doute, dans un faisceau beaucoup plus resserré.
C'était une sensation très puissante. Tous à fond, dans une dynamique commune.
Cependant, je me suis rapidement fait la remarque suivante : nous allions réaliser des choses fortes, c'était désormais certain. Mais tout ce qui se passerait ici ne pourrait pas être transposé simplement ailleurs.
Et comme le notait mon ami Ticeman, une fois sorti de là, il faut retourner se colleter avec la réalité, celle des râleurs, des jamais contents, des traineurs de savates… en un mot, celle des branleurs (je précise bien qu'il n'y a pas que des branleurs, mais il y en a, pas mal, et il faut se les fader).
Mais tant pis. Nous n'en étions plus au stade des grandes questions existentialistes, nous en étions au stade de l'action. Et il fallait boire, le boire goulûment, le nectar de ce grand bol régénérant qui nous était offert.
Et nous l'avons bu. Nous n'avons rien laissé.

Un autre aspect de ce qui s'était mis en place, et pas le moindre, et même sans doute le plus fondamental, est la confiance.
J'illustrerai ça par un exemple.
Dans les premiers jours, pour mettre en place un groupe de travail, il y avait une période d'observation, on se tournait un peu autour pour prendre nos marques (j'aurais bien pris une analogie canine, mais je ne suis pas certain que ça aurait plu à tout le monde… et pourtant…)
Et là, soudain, deux jours après, il était possible de se laisser aller vers l'autre, vers n'importe lequel des autres du groupe, et de se mettre tout de suite à créer quelque chose ensemble, que ce soit dans le travail collaboratif ou dans l'atelier clown. On s'est bien arrachés, pour créer notre pochette de CD, hein ? Et à la fin, quand elle a été terminée, quand elles ont été affichées, nous étions tous là, exsangues et fiers de ce que nous avions fait. Fiers de nous tous.

Et derrière la porte, chez les clowns, nous cheminions à grande vitesse vers l'essentiel. Vers l'émotion à l'état pur, déshabillée…
Un clown en blanc avec son nez rouge, pieds nus sur le devant de la scène, tout simplement, est venu nous faire cadeau d'un torrent d'émotions… debout, sans rien dire, avec d'infimes mouvements, triturant un peu le bas d'une robe, penchant un peu la tête, bougeant légèrement d'un pied sur l'autre. Et surtout nous donnant son regard… livré, abandonné.
Puis il s'en est allé, toujours sans rien dire.

samedi 27 août 2011

Les rencontres du CRAP (3 : le bleu et le blanc)


Le bleu et le blanc

Par la suite, les activités se sont enchaînées, à un rythme intense, parfois très intense.
Le programme était équilibré, ménageant finement des temps nécessaires de pause, ou d'activités annexes.

Petit-déjeuner, point de rencontre des amateurs de tai-chi, des joggeuses charmantes et échevelées, serviettes éponges sur les épaules, des bavards impénitents, attaquant déjà leur énième pichet de café noir en refaisant le monde (il faut dire que la nuit, les dictateurs à la peau dure étaient mis à mal… en revanche, le jour, il ne se passait rien dans le monde, car nous étions dans nos ateliers), des convalescents ayant passé leur nuit à étudier les positions de la hernie discale (rien de très érotique, sans doute) ou à des activités liées à la grippe intestinale (n'entrons pas dans les détails, rien d'érotique là encore, quand bien même on serait amené fréquemment à se déshabiller et à se tortiller en gémissant discrètement).

Sur le coup de neuf heures, au moment où tout le monde s'égaillait prestement en direction des ateliers, pas de tronches en biais ni de soupirs.
Il faut dire que dans les ateliers, il était en train de se passer quelque chose. Je n'étais pas dans tous, et pourtant je sais que ça s'est passé à cette période là (quoi, comment je le sais ? Est-ce que je t'en pose, des questions, moi ? Je le sais, c'est tout).
Nous commencions à bien voir où nous allions, et surtout, comment nous allions y aller ensemble. Et surtout… à sentir la force qui se dégageait de ces gens différents focalisant sur un objectif commun.
Quelque chose était sur le point de basculer…

Une table ronde, rectangulaire, a eu lieu, ces jours ci.
Des orateurs avides de temps de parole, et une petite dame aux yeux froncés, concentrée et intransigeante, gérant le chronomètre et distribuant des avertissements sur des petits bouts de papier : «Il va bientôt falloir que tu la boucles, et c'est pas la peine de faire ton air de chien battu, je te rajouterai pas une minute, car nous, les gens, on veut parler aussi».
(Quoi ? J'invente ? Tu dis que je ne sais pas ce qu'il y avait sur les papiers ? Euh… sans blague, si tu pouvais me lâcher un peu, ça m'arrangerait… y'en a d'autres des blogs à visiter, je te donne un lien si tu veux http://www.eighties.fr/odile/301-les-pubs-pour-les-picorettes-p.html )
Ceci dit, rien de transcendant dans les débats, on se dit davantage en une minute de silence de clown qu'en une heure de baratin de table ronde rectangulaire…

Ah ! Oui, parce que je ne sais pas si je vous l'ai dit, chez les clowns on a appris les regards et les silences.
Mais pas que…
On a aussi constaté qu'il était possible de maîtriser une escadrille de la patrouille de France… (si vous y étiez, vous devez vous souvenir de leur passage… et évidemment, si vous étiez derrière la porte… chut, je dis rien Armelle)
Et nous avons assisté aussi à du grand théâtre à textes, performance de maître, représentation unique qui fera date dans les annales :
«À moi, Comte ! Deux mots…»
Évidemment, c'était à guichet fermé et une représentation unique. Mais si vous m'avez lu attentivement, vous devez savoir qu'il existe tout de même un moyen très fort d'en avoir un aperçu.

Si la force était en moi, la demi-journée de coupure a été très bénéfique. Tout le monde étant parti crapahuter ou comater, nous avons pu refaire le monde, mon coturnier et moi. L'un à moitié dans le gaz, l'autre à moitié dans la Toile.
Les dictateurs continuaient de tomber…
Il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose dans l'air de très spécial

Le soir, nous sommes allés au restau… et je me suis finalement retrouvé à table, à la place du marié. Et j'ai constaté qu'on pouvait ressentir là une grande solitude, sans vis à vis à qui causer.
Heureusement, la mariée et le garçon d'honneur étaient de bonne composition, et nous avons bavardé gaiement, picolé un peu (celui qui conduit c'est celui qui ne boit pas… et nous étions tous venus à pieds) et appris comment mélanger le bleu et le blanc du roquefort pour bien le goûter.

Et j'avais la dalle !

vendredi 26 août 2011

Rencontres 2011… (3) (derrière la porte)

Derrière la porte…



Ce billet, qui retrace ce qui s'est passé derrière la porte, est en cours d'écriture.
Mais vous ne le lirez pas.
Seuls ceux qui étaient derrière la porte auront ce privilège.

C'est comme ça…

Mais je vais tout de même vous donner un petit truc : si vous rencontrez un des dix clowns, regardez bien dans ses yeux et écoutez bien son silence.
Ils ne peuvent rien vous dire, mais si vous êtes paisible et patient, leurs regards et leurs silences pourront vous en raconter beaucoup.

Infiniment plus qu'un petit billet de blog…

jeudi 25 août 2011

Manu Gugu aux Rencontres du CRAP (partie 2)


  Séance privée… très privée.

Le jour suivant était la première journée complète des Rencontres.
Assez tôt, je descends petit-déjeuner en compagnie de Thierry.
Thierry, c'est mon camarade de chambrée, poisson-pilote, animateur, etc… enfin, disons le, quasiment ma maman des premiers jours. Je le suivais à la voix, et ainsi me trouvais détaché de tout effort d'organisation, réflexion, etc… très pratique.
Alors donc, on se pointe au petit-déj, et là… pas un chat.
Un peu étonnant. Bon, moi, je n'en étais pas encore vraiment à me poser des questions. Plus tard j'ai compris que nous étions dans un moment d'oxygénation, au cours duquel les participants faisaient du yoga ou du footing.
Beaucoup plus tard, c'est à dire maintenant, j'ai compris à quoi servait ce moment : si je m'étais oxygéné ces jours là, j'aurais sans doute la possibilité de dormir la nuit au lieu de sauter comme un ressort et d'écrire des billets de blogs comme maintenant (ou je serais blond platine).
Enfin, pour moi, l'enjeu n'était pas là : ma mission était d'ingurgiter bon gré mal gré quelques aliments.
Et, tandis que Thierry s'occupait (brillamment) la partie discussion, je me suis concocté un petit-déjeuner équilibré : 5 bols de café, une demi tranche de pain, un fruit.
J'ai eu du mal avec le pain, mais j'ai tenu bon, et ce sont ces petites victoires qui nous rendent plus forts.

Tout ça m'ayant demandé pas mal de concentration et d'efforts, pendant ce temps là, les autres participants étaient arrivés (oxygénés) , avaient déjeuné et étaient partis dans leurs ateliers.
Désormais doté d'une efficace technique pour me rendre à l'endroit adéquat (errer, sans trop m'affoler, et chercher mon nom sur les fiches collées sur les portes) je me pointe dans mon atelier.

Ceci dit, je ne vais pas raconter tout ce que s'est passé dans cet endroit.
Si vous voulez en savoir davantage, dites le moi, et je vous indiquerai comment s'inscrire pour la prochaine fois.
Dotées de poignes de fer dans leurs gants de velours, Dominique et Stéphanie, les animatrices de choc, nous ont fait voyager au pays du travail collaboratif. Elles nous ont proposé de réaliser une série de travaux, selon un tempo très bien établi (et très soutenu) et une progression remarquable.
Elles ont su toujours nous montrer l'intérêt et l'enrichissement apporté au travail par de nouveaux dispositifs, variables et complémentaires.
Et elles ont su toujours nous laisser un peu sur notre faim. Ainsi nous attaquions systématiquement la suite à fond, pour éviter la frustration du travail mal accompli, mal terminé.

Intense, dense, puissant…

Lessivé.
À midi, je suis monté dans ma chamble me bourrer de Doliprane, et avec pas mal de mou dans le genou, suis allé à la cantine.
Un bout de pastèque, une demi assiette de salade et un pichet de café, le tout ingurgité vaillamment dans l'ambiance paisible de la conversation assurée par Thierry. Après une telle débauche d'énergie, il me fallait bien ça pour refaire le plein.
Notez bien que ma lutte restauratrice n'était pas tellement compatible avec la socialisation, l'effort demandé pour ingurgiter mes aliments monopolisant entièrement mon attention.

Sieste !
À ce niveau là, je me permets une petite incartade du côté des notions spatio-temporelles.
Il y avait un planning, et je savais où il se trouvait.
Sa présence était importante, stabilisatrice. Le temps se déroulait de manière ordonnée, les gens savaient ce qu'ils devaient faire.
Mais pour ma part, étant donné que je n'avais pas encore la disponibilité intellectuelle pour m'emparer de toutes ces notions… je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait après la pause.

Après la pause…
Encore en retard.
Toc ! Toc !
  • Bonjour… j'ai vu mon nom sur la porte…
  • Bienvenue dans l'atelier clown, Emmanuel, vas vite te préparer !
Non.
Vous ne pouvez par entrer, désolé.
Vous pourrez voir le spectacle, le dernier jour. Mais en attendant, ce qui se passe là, c'est privé. Seules dix personnes le savent, et, pour ma part, je ne le répéterai à personne.
Jamais.
Et, de toute manière, c'est une histoire qui ne se raconte pas avec des mots.
Simplement, simplement… il s'est tout de même passé quelque chose d'important.

«Ne vous battez pas contre ce qui est en vous, au contraire, laissez le sortir, exprimez le, utilisez le, transformez le…»

Cette phrase m'a frappé, comme une vérité qui aurait attendu là longtemps, trop longtemps, que je passe là et que je l'entende.
Bien sûr.
Je me suis mis à appliquer cette notion, immédiatement, en utilisant les symptômes de ma satané grippe intestinale au lieu de geindre et de me plaindre.
La faiblesse allait se transformer en force.

Et aussi, il faut le dire… il y a eu un petit pépé… un petit pépé qui est passé, et qui est reparti.
Je n'oublierai jamais le petit pépé.

mercredi 24 août 2011

Note

Petite note à l'adresse des Crapistes des rencontres : nous avons vécu des choses très intenses, très personnelles, très intimes lors de ces rencontres.

Ces choses sont à nous, elles n'apparaîtront pas dans l'histoire que je vais raconter.



Rencontres 2011… CRAP on tourne ! (1)


Opération Survie : la feuille de salade…


  • Bon, alors, maintenant, je vais vous raconter mes vacances.
  • NON ! LES RENCONTRES !
  • Mais…
  • LES RENCONTRES !

Les rencontres.
Ça commençait le 17 août.
Super impatient, super impatient…
Et le 16… je me suis retrouvé cloué au lit.
DESTROY
Toute la journée.

Les rencontres, j'allais y aller… oui. Mais je n'arrivais même pas à tenir assis sur mon pieu… sans parler de me lever, faire des courses, prendre un train, etc…
  • Heu, chéri, tu fais pas ta valise ?
  • Gnnn…

Mais je savais que j'y irais. Et j'y suis allé, et je vais vous raconter tout ce dont je me rappelle du voyage :




Voilà (c'est tout pour le moment, j'ai conscience que c'est incomplet, mais si quelque chose me revient je ferai une mise à jour).

Et je me suis retrouvé couché dans une chambre d'internat.
J'avais vaguement la conscience de deux choses.
  • J'étais à Sainte-Affrique.
  • Les rencontres avaient commencé, et donc, si j'avais l'intention de les faire ailleurs que dans mon lit, il allait falloir que je me lève (pour le raisonnement, dans ma vie quotidienne, ça m'aide beaucoup d'avoir fait des maths… la logique, tout ça…).

Au bout d'un moment, la situation devenant un peu oppressante, je me dis que j'allais aller prendre l'air et essayer de voir des gens.
Je m'extrais du lit. Yes !
Et hop ! Je pars errer, hagard, dans les frais couloirs de l'internat. Vides.
Passe un escalier… je le descends (dou-ce-ment).
Et là, je vois plein de gens… qui montent (vite).
  • Manu, Manu, qu'est-ce que tu fais ???
Tiens… on dirait que j'ai entendu mon nom.
  • Manu, Manu, il faut monter, aller dans ton atelier.
  • Atelier ?
  • Oui, par là. Tu es dans quel atelier ?
  • Heu…
  • Tu ne sais pas dans quel atelier tu t'es inscrit ?
  • Heu… (je ne me rappelai pas qu'il était question d'atelier, moi, tout ce dont j'avais besoin, là, c'était de marcher un peu et de voir des gens)
  • Vas-y, vas par là, et regarde sur les portes. Il y a ton nom.
Moi, vous me connaissez… hmm… peut-être pas encore… enfin, bon, moi, je suis obéissant, surtout quand je viens de passer deux jours à dormir avec 40 de fièvre. C'est une situation dans laquelle je suis peu contrariant.

J'avance dans les couloirs. Grands. Il y a de moins en moins de monde, puis plus personne. Un peu hagard, je regarde les listes scotchées sur les portes. Au bout d'un moment, je trouve mon nom.
Là, ça a été une petite victoire sur l'irréalité. Ce nom là, il était bien réel, et ça signifiait que JE m'étais inscrit dans CET atelier.
Toc toc
  • Bonjour… euh… je suis en retard.
Hmm… j'aurais pu choisir une entrée en matière un peu plus percutante.
Je ressens malgré tout les ondes positives d'un accueil chaleureux et réconfortant.
Là, dans un sursaut de lucidité, me vient à l'idée que j'aurais dû lire l'intitulé de l'atelier. Lucidité trop tardive.
  • Bien, alors, pour commencer, nous allons nous dire bonjour.
Ah ! Facile, pour un début… ça je vais assurer.
  • Vous allez, chacun à vôtre tour, aller voir une autre personne du groupe, la saluer en utilisant son prénom.
Hé ! Hé ! Tout le monde a une étiquette avec son nom… galette !
  • Et pour commencer, bien sûr, tout le monde va cacher son étiquette.
biiiiiiiiiiiiiiiiiip
Le cerveau qui patine.
Le vide.
Rien.
Il n'aurait suffit que d'une once d'animosité pour me transformer immédiatement en statue de cire à la cervelle de semoule.
Mais là, nulle animosité.
Au contraire, une bonne dose de bienveillance parcourait les stagiaires, tandis qu'ils se saluaient mutuellement.
Et c'est alors que, dans une soudaine fulgurance, une image s'imposa à moi. Ma voisine. Son étiquette. Je l'avais aperçue.
  • Bonjour, Stéphanie ! m'écriai-je, avec un sentiment de soulagement extraordinaire.
  • Bonjour Emmanuel.
Le sentiment de réalité, de retour, encore, enfin.

C'est alors que je compris qu'il fallait que j'avance, à tout prix, sans quoi ce frêle élan qui venait de naître ne servirait à rien, et je retournerais dormir seul dans ma chambre pendant encore deux ou trois jours.
Nous devions alterner des phases de travail communes et en groupes, ainsi que des moments de synthèse.
Je participai donc, proposai, collaborai, choisit des photos, des mots clés, collai des étiquettes, prit part à des synthèses… alors que j'arrivais tout juste à tenir sur ma chaise et à ouvrir les yeux.

Là, j'avais pris l'avantage… je savais que j'allais y arriver coûte que coûte.

Je me souviens qu'ensuite, je me suis trouvé dans un groupe de gens parlant des terrines, des bouteilles de pinard et autres spécialités qu'ils avaient apportées.
Quand mon tour est arrivé, je pense que j'ai dû répondre… euh… j'apporterai des nems l'année prochaine. Ça a sans doute dû leur paraître un peu étrange… (un mec du hagard du Nord avec l'accent du Sud, parlant de plats asiatiques comme spécialités de sa région) mais là aussi, la bienveillance l'a emporté.

La présentation terminée, j'ai rampé jusqu'à la cantine, lutté vaillamment pour arriver à ingurgiter une feuille de salade (pas facile, mais il me la fallait cette feuille de salade, on est pas des purs esprits tout de même!).
Puis je suis allé me gaver de doliprane et me calefeutrer sous mes couvertures, tremblant de fièvre, tandis que mes camarades de chambrée transpiraient dans les tenues minimales imposées par la décence, dans la chaleur torride de la canicule affricaine.

Rencontres 2011… CRAP on tourne ! (préface)


Rencontres 2011, tout le monde est prêt, alors…
3.2.1
CRAP, on tourne !


Préface

Bien…
Au niveau communication avec mon épouse, j'avais déjà fait mes preuves, je me sentais prêt.
Je replante le contexte, tout de même.
Le karaoké… à fond.
Ah ? Tiens, quelque chose a changé, on ne chante plus seulement à tue-tête, maintenant on danse aussi.
Qu'importe !

  • Chérie, heu… je voulais te demander si… heu… tu serais d'accord pour que j'aille aux rencontres du CRAP
  • Hein ? Quoi ? Pousse-toi un peu, t'es devant la webcam.
  • Ah… pardon. Et pour les rencontres, tu sais c'est au mois d'août…
  • Quoi ?
  • Je veux aller aux rencontres du CRAP ! Tu es d'accord ?
  • Oui, oui… pousse-toi un peu, ça va être mon tour de chanter.

Hmm… finalement, cette manière de communiquer est assez efficace, mais je me demande si je nous ne devrions pas passer à une autre étape de notre cheminement vers la compréhension mutuelle et l'harmonie du couple.
Bon, mais en attendant :

À moi Saint-Affrique !

c'était dans la poche.
Du moins c'est ce que je croyais.

Quelques jours plus tard.
  • Dis donc chéri, tu peux venir voir là un peu.
  • Oui…
  • Qu'est-ce que c'est que cette dépense faite avec TA carte bleue. Tu vois, CETTE ligne du relevé.
  • Euh… tu ne mets pas la musique aujourd'hui ? Non ? Ah… Eh ! Bien…cette dépense, en fait, il s'agit des rencontres du CRAP.
  • C'est payant ? Qu'est-ce que c'est ?
  • Euh… tu te rappelles… tu avais dit que c'était d'accord. On va travailler avec des collègues, à Sainte-Affrique, tu sais ?
  • Non mais attends… tu vas travailler ou tu vas en vacances ?
  • Euh… travailler…
  • Et tu payes pour aller travailler ? Normalement c'est pas plutôt le contraire, d'habitude ?
Bon, là, je me gratte la tête… évidemment, dit comme ça, on dirait qu'il y a un truc qui cloche…
  • Et ça te fait plaisir ? Tu as envie d'y aller ? me demande-t-elle soudain.
  • Oh ! Oui ! dis-je avec conviction.
  • Et… il y aura des femmes ?
  • Euh… des femmes ? (là je décide de jouer le tout pour le tout, le grand jeu de la franchise) : sans doute…
  • Tu vas coucher avec elles ?
  • Euh… non.
  • Bon, d'accord.

Je restai là, planté au milieu de la pièce, un petit peu abasourdi, essayant de retracer le fil des idées qui nous avait mené jusque là.
- Dis, tu pourrais te pousser ? Je vais chanter et danser un peu.