jeudi 25 août 2011

Manu Gugu aux Rencontres du CRAP (partie 2)


  Séance privée… très privée.

Le jour suivant était la première journée complète des Rencontres.
Assez tôt, je descends petit-déjeuner en compagnie de Thierry.
Thierry, c'est mon camarade de chambrée, poisson-pilote, animateur, etc… enfin, disons le, quasiment ma maman des premiers jours. Je le suivais à la voix, et ainsi me trouvais détaché de tout effort d'organisation, réflexion, etc… très pratique.
Alors donc, on se pointe au petit-déj, et là… pas un chat.
Un peu étonnant. Bon, moi, je n'en étais pas encore vraiment à me poser des questions. Plus tard j'ai compris que nous étions dans un moment d'oxygénation, au cours duquel les participants faisaient du yoga ou du footing.
Beaucoup plus tard, c'est à dire maintenant, j'ai compris à quoi servait ce moment : si je m'étais oxygéné ces jours là, j'aurais sans doute la possibilité de dormir la nuit au lieu de sauter comme un ressort et d'écrire des billets de blogs comme maintenant (ou je serais blond platine).
Enfin, pour moi, l'enjeu n'était pas là : ma mission était d'ingurgiter bon gré mal gré quelques aliments.
Et, tandis que Thierry s'occupait (brillamment) la partie discussion, je me suis concocté un petit-déjeuner équilibré : 5 bols de café, une demi tranche de pain, un fruit.
J'ai eu du mal avec le pain, mais j'ai tenu bon, et ce sont ces petites victoires qui nous rendent plus forts.

Tout ça m'ayant demandé pas mal de concentration et d'efforts, pendant ce temps là, les autres participants étaient arrivés (oxygénés) , avaient déjeuné et étaient partis dans leurs ateliers.
Désormais doté d'une efficace technique pour me rendre à l'endroit adéquat (errer, sans trop m'affoler, et chercher mon nom sur les fiches collées sur les portes) je me pointe dans mon atelier.

Ceci dit, je ne vais pas raconter tout ce que s'est passé dans cet endroit.
Si vous voulez en savoir davantage, dites le moi, et je vous indiquerai comment s'inscrire pour la prochaine fois.
Dotées de poignes de fer dans leurs gants de velours, Dominique et Stéphanie, les animatrices de choc, nous ont fait voyager au pays du travail collaboratif. Elles nous ont proposé de réaliser une série de travaux, selon un tempo très bien établi (et très soutenu) et une progression remarquable.
Elles ont su toujours nous montrer l'intérêt et l'enrichissement apporté au travail par de nouveaux dispositifs, variables et complémentaires.
Et elles ont su toujours nous laisser un peu sur notre faim. Ainsi nous attaquions systématiquement la suite à fond, pour éviter la frustration du travail mal accompli, mal terminé.

Intense, dense, puissant…

Lessivé.
À midi, je suis monté dans ma chamble me bourrer de Doliprane, et avec pas mal de mou dans le genou, suis allé à la cantine.
Un bout de pastèque, une demi assiette de salade et un pichet de café, le tout ingurgité vaillamment dans l'ambiance paisible de la conversation assurée par Thierry. Après une telle débauche d'énergie, il me fallait bien ça pour refaire le plein.
Notez bien que ma lutte restauratrice n'était pas tellement compatible avec la socialisation, l'effort demandé pour ingurgiter mes aliments monopolisant entièrement mon attention.

Sieste !
À ce niveau là, je me permets une petite incartade du côté des notions spatio-temporelles.
Il y avait un planning, et je savais où il se trouvait.
Sa présence était importante, stabilisatrice. Le temps se déroulait de manière ordonnée, les gens savaient ce qu'ils devaient faire.
Mais pour ma part, étant donné que je n'avais pas encore la disponibilité intellectuelle pour m'emparer de toutes ces notions… je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait après la pause.

Après la pause…
Encore en retard.
Toc ! Toc !
  • Bonjour… j'ai vu mon nom sur la porte…
  • Bienvenue dans l'atelier clown, Emmanuel, vas vite te préparer !
Non.
Vous ne pouvez par entrer, désolé.
Vous pourrez voir le spectacle, le dernier jour. Mais en attendant, ce qui se passe là, c'est privé. Seules dix personnes le savent, et, pour ma part, je ne le répéterai à personne.
Jamais.
Et, de toute manière, c'est une histoire qui ne se raconte pas avec des mots.
Simplement, simplement… il s'est tout de même passé quelque chose d'important.

«Ne vous battez pas contre ce qui est en vous, au contraire, laissez le sortir, exprimez le, utilisez le, transformez le…»

Cette phrase m'a frappé, comme une vérité qui aurait attendu là longtemps, trop longtemps, que je passe là et que je l'entende.
Bien sûr.
Je me suis mis à appliquer cette notion, immédiatement, en utilisant les symptômes de ma satané grippe intestinale au lieu de geindre et de me plaindre.
La faiblesse allait se transformer en force.

Et aussi, il faut le dire… il y a eu un petit pépé… un petit pépé qui est passé, et qui est reparti.
Je n'oublierai jamais le petit pépé.

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