samedi 27 août 2011

Les rencontres du CRAP (3 : le bleu et le blanc)


Le bleu et le blanc

Par la suite, les activités se sont enchaînées, à un rythme intense, parfois très intense.
Le programme était équilibré, ménageant finement des temps nécessaires de pause, ou d'activités annexes.

Petit-déjeuner, point de rencontre des amateurs de tai-chi, des joggeuses charmantes et échevelées, serviettes éponges sur les épaules, des bavards impénitents, attaquant déjà leur énième pichet de café noir en refaisant le monde (il faut dire que la nuit, les dictateurs à la peau dure étaient mis à mal… en revanche, le jour, il ne se passait rien dans le monde, car nous étions dans nos ateliers), des convalescents ayant passé leur nuit à étudier les positions de la hernie discale (rien de très érotique, sans doute) ou à des activités liées à la grippe intestinale (n'entrons pas dans les détails, rien d'érotique là encore, quand bien même on serait amené fréquemment à se déshabiller et à se tortiller en gémissant discrètement).

Sur le coup de neuf heures, au moment où tout le monde s'égaillait prestement en direction des ateliers, pas de tronches en biais ni de soupirs.
Il faut dire que dans les ateliers, il était en train de se passer quelque chose. Je n'étais pas dans tous, et pourtant je sais que ça s'est passé à cette période là (quoi, comment je le sais ? Est-ce que je t'en pose, des questions, moi ? Je le sais, c'est tout).
Nous commencions à bien voir où nous allions, et surtout, comment nous allions y aller ensemble. Et surtout… à sentir la force qui se dégageait de ces gens différents focalisant sur un objectif commun.
Quelque chose était sur le point de basculer…

Une table ronde, rectangulaire, a eu lieu, ces jours ci.
Des orateurs avides de temps de parole, et une petite dame aux yeux froncés, concentrée et intransigeante, gérant le chronomètre et distribuant des avertissements sur des petits bouts de papier : «Il va bientôt falloir que tu la boucles, et c'est pas la peine de faire ton air de chien battu, je te rajouterai pas une minute, car nous, les gens, on veut parler aussi».
(Quoi ? J'invente ? Tu dis que je ne sais pas ce qu'il y avait sur les papiers ? Euh… sans blague, si tu pouvais me lâcher un peu, ça m'arrangerait… y'en a d'autres des blogs à visiter, je te donne un lien si tu veux http://www.eighties.fr/odile/301-les-pubs-pour-les-picorettes-p.html )
Ceci dit, rien de transcendant dans les débats, on se dit davantage en une minute de silence de clown qu'en une heure de baratin de table ronde rectangulaire…

Ah ! Oui, parce que je ne sais pas si je vous l'ai dit, chez les clowns on a appris les regards et les silences.
Mais pas que…
On a aussi constaté qu'il était possible de maîtriser une escadrille de la patrouille de France… (si vous y étiez, vous devez vous souvenir de leur passage… et évidemment, si vous étiez derrière la porte… chut, je dis rien Armelle)
Et nous avons assisté aussi à du grand théâtre à textes, performance de maître, représentation unique qui fera date dans les annales :
«À moi, Comte ! Deux mots…»
Évidemment, c'était à guichet fermé et une représentation unique. Mais si vous m'avez lu attentivement, vous devez savoir qu'il existe tout de même un moyen très fort d'en avoir un aperçu.

Si la force était en moi, la demi-journée de coupure a été très bénéfique. Tout le monde étant parti crapahuter ou comater, nous avons pu refaire le monde, mon coturnier et moi. L'un à moitié dans le gaz, l'autre à moitié dans la Toile.
Les dictateurs continuaient de tomber…
Il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose dans l'air de très spécial

Le soir, nous sommes allés au restau… et je me suis finalement retrouvé à table, à la place du marié. Et j'ai constaté qu'on pouvait ressentir là une grande solitude, sans vis à vis à qui causer.
Heureusement, la mariée et le garçon d'honneur étaient de bonne composition, et nous avons bavardé gaiement, picolé un peu (celui qui conduit c'est celui qui ne boit pas… et nous étions tous venus à pieds) et appris comment mélanger le bleu et le blanc du roquefort pour bien le goûter.

Et j'avais la dalle !

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